Depuis mercredi et vendredi, mon cœur saigne.
Pas de larmes mais beaucoup de questions. Quand je me suis levée dimanche
matin, je savais que j’avais rendez-vous avec l’Histoire.
Pour moi, le temps du
deuil était passé, ou du moins enfoui, et il était temps de se lever et de
rester debout face au terrorisme. Il était temps de rappeler à tout le monde
que ce n’est pas ça la France, que ce n’est pas la peur mais que ce sont des
valeurs. Certains diront « enfin », mais les « trop tard »
ne gâcheront pas la « fête », même s’il y a 2 ans ça aurait été
réconfortant de voir autant de monde se rassembler autour des victimes de ce
terroriste de Toulouse. Mais participer à la marche du 11 janvier n’a jamais
été une question. Les questions sont ailleurs,
« Pourquoi ? » « Comment ? » « Et
après ? ».
Mais certainement pas sur le sursaut, la
mobilisation, le rassemblement. Je me suis préparée et nous y avons été avec ma
sœur et mes amis : les 3 religions monothéistes représentées dans les
rangs, j’étais fière que nous soyons une représentation de la diversité et de
la fraternité, fière d’être française. Nous avons crié fort le nom de
« liberté ». Pour ma part, je n’ai pas oublié que plus
d’« égalité » (sociale, des chances) permettrait sans doute plus de
« fraternité ». Je n’ai pas oublié non plus que le débat public
devait prendre le dessus et que les sujets des religions, de la laïcité et de
l’éducation devaient émerger de ces événements. Enfin, j’ai pensé fort qu’il ne
fallait plus que les questions de sécurité, d’immigration ou d’identité
nationale soient confisquées par le FN.
Pendant la manif, j’ai pris des bides énormes en
voulant lancer la Marseillaise face une foule impassible mais mon égo s’en
remettra. Les parisiens étaient parfois un peu mous mais j’ai compris que les
gens encore choqués n’avaient pas le cœur à scander. Comme me l’a rappelé
justement un Monsieur dans le cortège, chacun se mobilise à sa façon. J’ai donc
voulu rassembler un ensemble de témoignages pour savoir comment les autres
avaient vécu cette marche républicaine.