mardi 19 juillet 2016

Sarah conte pas ses vacances...

Cette semaine, j'aurais voulu vous raconter mes vacances en Israël. J'aurais voulu vous raconter comme ce pays continue à me surprendre. Comme j'ai adoré parlé avec un chauffeur de taxi né à Kaboul et un vendeur de jus d’orange venu d'Iran. Comme j'aime croiser au détour de mon bar préféré, des visages des temps passés, pas si lointains, où je vivais là-bas. J'aurais voulu vous parler de mes retrouvailles avec cette Mer Méditerranée que j'aime tant. Et vous dire comme j'étais contente de la retrouver de nouveau à Nice ce 15 juillet.

Et l'actualité m'a rattrapée. Comme à nous tous.


On se souvient tous de l'endroit où on était quand on a appris la mauvaise nouvelle. Comme pour le 11 septembre, comme pour les 7, 8 et 9 janvier, comme pour le 13 novembre.

Combien de moments aussi pénibles et perturbants devrons-nous encore stocker dans nos mémoires? Combien de blessures si déchirantes notre cœur pourra-t-il supporter?

Jeudi soir nous étions tous sans voix, sans mots, sans larmes. Personnellement je n'ai pas réalisé qu'il s'agissait de ma promenade des anglais, celle que j'ai observée chaque jours durant 3 années passées à Nice. Je n'ai pas pensé une seconde non plus, que ma famille sur place, pouvait être ailleurs que chez elle, à se perdre dans des conversations nocturnes interminables.

Comme beaucoup cependant, j'ai regardé le bilan s'aggraver jusque tard dans la nuit. 

Le lendemain, je me suis réveillée la mâchoire endolorie et encore serrée de cette nuit courte et triste.
Le lendemain, j'ai appris que ma sœur, mon beau-frère et mes cousins étaient au feu d'artifice du 14 juillet sur la promenade des anglais. Une angoisse m'a alors envahie. 

D'un coup, elle est montée.

D'un coup, je réalisais... mais je m'interdisais de glisser sur la pente des "et si", trop dangereuse et trop douloureuse.

D'un coup, je réalisais aussi que l'horreur avait eu lieu à Nice. Ma ville de Nice. Celle que je connais si bien, que j'aime tant, à laquelle je suis si attachée. Celle que j'ai connu enfant, avec laquelle la première rencontre est si lointaine que je ne m'en souviens pas. Celle où vivent ma tante et mes cousins. Celle qui a été le témoin de mes derniers jours d'adolescence et de mes belles années étudiantes. Celle qui a vu naitre des amitiés solides et identifiées à jamais à Nissa la bella.

Vendredi soir quand j'ai atterri à Nice, la seule vue de la mer m'a réjouie, et je dois avouer qu'un instant, j'ai voulu oublier ce qui s'était passé la veille. Un instant, j'ai voulu croire que ce week-end à Nice serait comme les nombreux autres que j'y ai passé. Le cocon familial dans lequel je me suis blotti vendredi soir a presque réussi à m'y faire croire. On en a bien-sûr parlé, mais peu, comme si chacun voulait profiter de ces retrouvailles pour penser à autre chose.

Le samedi par contre, je n'ai pas pu ignorer la violence du drame en passant sur les lieux. Les bougies, les mots, les fleurs... comme Place de la République quelques mois plus tôt .... 
Et le même silence...

Puis le soir, l'anniversaire de ma tante nous a permis de faire la fête et de nous retrouver ensemble, nécessite indéniable dans ces moments là. Se rattacher à la vie, à l'amour, c'est cliché mais ça fait du bien. Pour ma part, cette soirée m'a permis de faire abstraction et de "continuer à vivre", comme on dit.

Mais, à vous je peux le dire, j'ai peur. 

J'ai peur de m’être habituée à la barbarie et d'avoir été moins secouée qu'en janvier et novembre 2015. J'ai peur d'avouer que je préférè détourner le regard et jeter ces événements dans un coin de ma tête, pour "continuer à vivre" justement. J'ai peur de laisser couler la première larme car je sais qu'elle en entrainera avec elle des milliers d'autres. J'ai peur de penser aux victimes tant mon cœur se brise à cette idée. Mais surtout, j'ai peur de ne plus pouvoir être optimiste et de ne plus pouvoir ignorer qu'il y aura d'autres dates à retenir. 

Je voudrais vivre encore dans "le monde d'avant tout ça", il n'était pas parfait, mais il était un peu plus insouciant.










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