lundi 10 juillet 2017

Sarah mène sa Simone Veil !



Depuis vendredi et l’annonce de la mort de Simone Veil, j’écoute attentivement tous les hommages qui lui sont rendus. Ce qui est frappant, avec les personnages qui font partis du patrimoine comme Simone Veil,  c’est que chacun de nous en a sa propre représentation.

Chacun a sa propre Simone Veil,  j'ai pensé ici vous parler un peu de la mienne.


Quand j'étais jeune, je veux dire encore plus jeune que maintenant, donc plutôt quand j'étais  enfant, Simone Veil faisait partie du paysage politique, disons comme François Bayrou aujourd'hui. Bon ok, c'est pas le meilleur exemple qu’on puisse prendre, mais bon, vous voyez ce que je veux dire.


Elle était, pour moi, de ce genre de personnes dont on ne se demande pas pourquoi ils sont là, ils sont là, ils ont toujours été là, c'est ainsi.

À l'époque je ne savais pas vraiment ce qu'elle avait fait sur la scène politique. Les premières   images significatives (et par là, je veux dire les plus anciennes) dont je me souviens en repensant à Simone Veil, ce sont celles de janvier 2005. A cette époque, je me souviens être scotchée devant la télé avec mes parents à l’écouter prononcer son discours à Auschwitz, pour le 60e anniversaire de la libération du camp. Je me souviens du décor enneigé derrière elle et du manteau de fourrure qu’elle portait.

Elle se tenait là, stoïque, prononçant des mots qui allaient rentrer dans l'histoire, dans l'histoire avec un grand H. Mais elle parlait de son histoire à elle, son histoire tragique que chacun connait.

Et pourtant ce n'est pas de cela dont se rappellent la plupart des Français lorsqu’ils évoquent Simone Veil et bizarrement, même si je suis juive, ce n'est pas cela que je souhaite retenir de Simone Veil.

Il semble qu'à l'époque dont je parlais plus tôt, celle où j’étais enfant,  l'IVG était peu remis en cause. Je me trompe peut-être mais il me semble qu'on ne parlait plus trop de cette loi, que ce n’était pas un sujet de préoccupation ou de remise en cause comme ça peut l’être parfois aujourd’hui.

Même en grandissant, en tant que jeune fille de 20 ans, je ne savais pas vraiment à qui nous devions cette loi et franchement, je m'y intéressais peu. J’avais surement tort, et j’étais surement un peu ignorante, mais c’était ainsi. Je considérais tout ceci comme des acquis.

Puis, est venu le temps de l’anniversaire des 40 ans de la loi Veil, et avec lui, les débuts de mes convictions féministes. Vous le savez déjà, ces convictions, si elles dormaient en moi et si j’avais ce schéma comme exemple et comme idéal, ont été encouragées par Sophie Gourion et Audrey Pulvar. En les lisant et en les écoutant, j’ai construit ma pensée féministe. (Au passage, merci pour tout)

Alors, quand est venu le temps de cet anniversaire, j’ai lu, écouté, regardé (notamment le téléfilm où Simone Veil était superbement  interprétée par Emmanuelle Devos).

Et là j’ai réalisé. J’ai réalisé que Simone Veil n’était pas n’importe quel personnage politique. C’était une héroïne. C’était une héroïne qui forçait l’admiration. C’était une héroïne qui écoutait son instinct, qui écoutait les plus faibles et qui ne se laissait pas faire par ses contradicteurs. C’était l’héroïne de toutes les femmes, et spécifiquement de celles qui à l’époque, devaient avorter dans des conditions psychologiques et d’hygiène atroces. Comme si ce n’était pas déjà assez difficile.

J’ai réalisé aussi que l’égalité femmes-hommes devait passer par une appropriation par les femmes de leur corps.

Et j’ai réalisé la chance que j’avais d’être née à mon époque, car même s’il y a encore un long chemin à parcourir et que l’héritage est à protéger, au moins le chemin a été dégagé par des femmes comme Simone Veil, et nous avons l’opportunité de pouvoir marcher dans ses pas.

Donc oui Simone, c’est l’image que je garderai de vous, l’image d’une femme debout devant une assemblée d’hommes. Debout, vous n’avez pas flanché devant les injures et les quolibets. Debout, vous étiez déterminée à offrir aux femmes de ma génération une vie meilleure qu’aux femmes de la vôtre.

Alors pour cela, Simone, comme de nombreuses femmes avant moi, je souhaiterais simplement vous dire : MERCI ! Et sachez qu’ici, MERCI représente tellement plus que le mot de 5 lettres qu’il est, d’autant plus depuis que nous avons appris, de votre fils, qu’il avait aussi été votre dernier mot.





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