Sarah pelle un dernier souvenir ….

Y’a des moments comme ça où on est en mode « dernières fois ». C’est super dur de se dire presque à chaque fois qu’on fait un truc que c’est la dernière fois, en tout cas pour moi, la dernière fois avant de partir.

Pour ceux qui auraient raté un épisode, ça y’est, je pars m’installer pour quelque temps à Tel Aviv, en Israël. Ce week-end, j’ai été passé 2 jours à Bordeaux chez mes parents, et c’était donc pour la dernière fois avant de partir début janvier.

Alors qu’on était tous (mes parents, mes frères et sœurs, mes cousins….) chez mes grands-parents pour fêter Hanoukka, c’était assez difficile d’entendre scander : « Qu’on se retrouve tous en bonne santé l’année prochaine comme cette année ». Parce que l’année prochaine, je pense que je ne serais pas autour de la table. Ça m’attriste parce que même si j’ai choisi de partir, il y a des morceaux du « package » que j’aurais volontiers laissé de côté.

Dire au revoir à ma grand-mère, qui me serre fort dans ses bras avec les larmes aux yeux, est une d’entre elles. Se dire qu’on ne va pas voir ses parents pendant longtemps, c’est une chose. Mais mes grands-parents ne vont pas en rajeunissant et je n’aime pas voir dans leur regard un genre d’adieu « au cas où » à chaque fois que je leur dit au revoir. C’est juste insupportable et ça me brise le cœur en mille morceaux.

Il y a toutes ces choses qu’on fait comme d’habitude même si c’est la dernière fois, et pourtant on aurait aimé qu’elles soient parfaites, qu’elles aient un parfum particulier, mais ce n’est pas toujours le cas. Et tant mieux… Tant mieux si on se dispute toujours avec sa sœur ou son frère, si on prie sa mère d’arrêter de nous couver ou qu’on se moque des blagues de son père, même si on ne les verra pas pendant plusieurs mois, tant mieux ! Car finalement, on souhaite se rappeler des vraies choses, pas d’une version édulcorée de celles-ci.

Il y a donc des choses qui ne changent jamais, comme ma mère et ma grand-mère, me jetant de l’eau selon une coutume d’Afrique du nord qui fait que ça porterait bonheur et que les personnes reviendraient de leur voyage en bonne santé.

Mais dans ces moments-là, les moments « dernières fois », il y a aussi toujours cette « peur d’oublier quelque chose » qui vient interférer, ce ne sont pas forcément des sentiments agréables. On regarde chacun intensément comme pour le photographier et n’en oublier aucun trait. On vit chaque situation en détails comme pour ne pas en oublier une seconde. En plus, je suis une nostalgique donc quand j’arpente les rues de mon enfance, je pense à mes années d’école, mes premiers pas, mes premiers moments heureux…. C’en est presque trop ! Enfin bref, un nouveau départ implique de bonnes choses et des choses plus compliqués, j’ai en ce moment mon lot de sentiments contradictoires.

Se mêlent l’excitation et l’appréhension, le ras le bol et la peur, les listes de choses à faire, et les listes virtuelles de choses qu’on ne pourra pas faire avant de partir. Ces dernières grandissent, grandissent …. Mais c’est sans compter sur mon optimisme débordant (eh oui, nostalgique et optimiste, quand je vous parlais de contradiction) qui pense aussi aux listes très très longues de choses à découvrir et à faire ailleurs, différemment…. Aaaaaaaaaaaaah, je crois que je n’ai pas finis de vous en parler de cette nouvelle vie ! Parfois, je me frotte encore les yeux pour réaliser que c’est « pour de vrai », que j’ai enfin eu le courage (ou l’inconscience) de le faire !