jeudi 13 décembre 2012

Sarah vale pas une seule question !

Depuis que j’annonce à mon entourage mon départ en Israël, je suis confrontée à des réactions plus ou moins surprenantes. J’essaye d’apporter à chacun des réponses mais j’avoue que parfois je suis un peu fatiguée de m’entendre répéter la même chose, je m’auto-saoule ! J’ai l’impression de sortir de mon corps et de me regarder argumenter, expliquer, détailler…. Cependant, pendant ce temps, j’ai aussi l’occasion d’analyser le type de question qu’on me pose. J’ai ainsi pu classer mes interlocuteurs en 6 catégories.

Les ignares
De ce côté, on peut dire que j’en ai entendu des vertes et des pas mures : « On va t’acheter une burka », « Mais dans la mer à Tel Aviv, tu flottes ? », « Ah bon Israël est un état juif ? »… et c’est sans compter les 5 minutes passées à chercher le pays (minuscule je l’avoue) sur une carte. C’est vrai qu’en cherchant du coté de Bagdad, même si on est dans la région, ce n’est pas vraiment la ville voisine…. Vous aurez compris que j’ai bien ri intérieurement même si ça m’a aussi beaucoup inquiétée…. J’avais un peu l’impression de visionner un micro trottoir
des années 50, genre juste à la création de l’état d’Israël !

Les pessimistes
« Ah ouais t’as peur de rien toi ? », « Mais t’es sûre que ça craint pas trop quand même ? »… bien sur la plupart de ces remarques c’est plutôt des gens qui ne sont jamais allés en Israël et qui ne voient que ce qu’on leur montre à la télé. C’est sûr que de leur annoncer mon départ pendant la période d’agitation du mois de novembre a surement participé. Mais bon est-ce la première chose qu’on dit à une personne qui a pris sa décision et qui va s’installer là-bas ? Je ne suis pas sûre, mais disons qu’ils s’inquiétaient pour moi, donc c’est mignon aussi !

Les admiratifs
Je pense que quand on réalise quelque chose d’aussi radical que de changer de continent, de pays, de langue, de travail, d’appart…. Ça en déstabilise plus d’un ! Mais c’est aussi un peu le rêve de plus d’un : de tout quitter pour d’autres horizons, de partir à l’aventure (semi aventure dans mon cas). Donc forcément j’ai eu le droit à : « Non mais moi aussi j’ai trop envie de partir », « C’est trop bien ce que tu fais, tu as beaucoup de courage, bravo », « Si mon travail me le permettait je ferais la même chose », tout ça accompagné de petites étoiles qui brillent dans les yeux ! C’est beau de se dire qu’on est un genre de « modèle » pour certains ou tout simplement qu’on ose là où d’autres hésitent…. Mais ça met aussi un peu la pression, on réalise alors l’ampleur de la décision. Donc respirez un bon coup, je suis une femme comme les autres, pas une super héroïne… (oui je sais, ma modestie me perdra)

Les (très) curieux
Ce genre de décision ne va pas sans sa cascade de questions et sans de nombreuses réactions en chaine. La plus couramment posée est « Quand est-ce que tu pars ? », jusque-là, je ne peux pas reprocher aux gens ce type de curiosité…. Mais après il y a « Tu as trouvé un travail ? », « C’est où exactement ? » , « Tu as négocié un bon salaire ? » , « Tu as trouvé un appart ? », « Tu connais du monde là bas ? » ; « tu parles hébreu ? » …. C’est presque comme si les mecs travaillaient pour Elal et que je m’apprêtais à monter dans l’avion. Vous me direz, ça me fait un entrainement. Alors, non jusqu’à présent visiter un appart à distance est un peu difficile donc je n’en ai pas encore, je n’ai pas encore mon billet et je ne parle pas couramment (mais je compte bien m’améliorer très vite). En fait, je crois que ce qui est usant ce n’est pas qu’une personne pose toutes ces questions mais que beaucoup de personnes posent, à peu d’intervalle, toutes ces questions….

Les juifs
Alors eux, c’est un peu différent, il y a des questions, mais plus techniques, la première c’est : « tu fais ton Alya ? ». Pour ceux qui ne le savent pas, faire son Alya c’est « monter » en Israël. S’y installer définitivement pour des questions principalement idéologiques, ce qui n’est pas vraiment mon cas. Si vous avez suivi, je suis une fille du sud (de 0 à 20 ans à Bordeaux puis études à Nice) donc ce qui me motive ici c’est surtout le soleil et la mer. Attention, bien sûr, Israël n’a pas été choisi au hasard, le pays est cher à mon cœur donc il y a quand même un peu d’idéologie, mais je ne souhaite pas prendre la nationalité pour le moment. Par contre à ceux qui me disent : « Tu as raison, tu fais bien de partir, il y a des plus en plus d’antisémitisme ici », je le crie haut et fort « je ne pars pas pour fuir la France », c’est en aucun cas le sens de ma démarche. J’ai toujours été parfaitement heureuse en France, et ce par rapport à toutes les composantes de mon identité. Et je me sens française à 100%. Je ne nie pas qu’il y ait de l’antisémitisme (et surement même de plus en plus, ou plutôt sous une autre forme) mais il n’est pas la raison de mon départ. Je l’ai subi collatéralement mais jamais de plein fouet (comprenez ici, j’ai subi les petites phrases, les remarques à la con, mais heureusement pas d’agression ou de violence).

Les originaux
Ceux-ci me font également beaucoup rire. Ils sont capables de vous dire « Vous avez raison de partir à Tel Aviv, c’est quand même beaucoup mieux pour vous que Jérusalem » alors qu’ils ne connaissent ni l’un, ni l’autre… c’est quand même fou, non ? Mais cela ne sont pas très nombreux, je l’avoue, la plupart de mon entourage peut facilement se classer dans les catégories du dessus.

Enfin, c’est sans compter sur mes proches qui sont à la fois inquiets (mais sans être pessimistes), contents pour moi (mais sans être admiratifs), curieux (mais sans trop en faire) et surtout qui, tout comme moi, se frottent les yeux pour savoir si c’est « pour de vrai » ce départ annoncé pour dans moins de 3 semaines. Ah si seulement ma valise était assez grande pour tous les prendre avec moi !

5 commentaires:

  1. Quelle touchante analyse des réactions de ton entourage...avec une note d'humour qui m'a fait passé un bon moment récréatif ;-) comment j'aurai réagi ? hmmmm, j'ai de plus en plus de mal à taire les choses qu'il me semble essentiel de communiquer...même si on a affaire à des ignares, à des absurdités monumentales, même si le manque de curiosité, d'ouverture et l'ignorance de ces personnes sont parfois incurables...parfois un mot peut être un déclic, en tt cas j'ai bon espoir, même si çà n'est qu'une goute d'eau dans un abîmes complètement bouché ;-)

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  2. Comment je reagirais?
    Je dirai "bravo c'est genial, tu vas voir tu vas vivre une super experience..."
    A tres bientot sur Tel Aviv :)

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  3. Je suis impatient de voir que va devenir la Sarah en Israël... Comment cette expérience t'aura transformé...( pour le bien ou le mieux).

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  4. Super Sarah
    j'adore ce que tu écris!
    bon courage à toi pour la suite
    des bisous
    Laurie (FOR de France ;) )

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  5. je fais partie du groupe "admiratif" !!

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