jeudi 11 avril 2013

Sarah pelle, je me rappelle, nous nous rappelons


Cette semaine en Israël est une semaine particulière car elle est jalonnée de deux jours importants pour la mémoire : Yom Hashoah et Yom Hazikaron. Pour ceux qui ne connaissent pas il s’agit du jour en mémoire des victimes de la Shoah et de celui en mémoire des soldats tombés pour Israël.

Mardi c’était donc Yom Hashoah. Comment cela se manifeste-il en Israël ?
La veille au soir, tous les restaurants, bars et  épiceries (même celles qui d’habitude sont ouvertes 24h/24)  sont fermés. Il n’y a pas un lieu de réjouissance qui reste ouvert. Ceci est imposé par la loi.
A la télé, il n’y a que des films comme Le Pianiste qui sont diffusés. Tout le pays est réellement plongé dans ce devoir de mémoire.

Le jour même de la célébration, il y a une alarme qui retentit à 10h du matin et qui dure 2 minutes. Pendant ce temps-là, le pays s’arrête de respirer et de parler et tout le monde se tient debout en mémoire des victimes. Les conducteurs descendent de leur voiture, les piétons s’arrêtent de marcher, le pays est comme « en suspens » pendant ces 2 minutes là.

C’est la 2ème fois que je vis Yom Hashoah en Israël et je peux vous dire que c’est très émouvant et très intense.
Mais comment vous parler d’un jour comme celui-ci et des 6 millions de victimes sans tomber dans du déjà vu ou du déjà écrit.
Pour ma part, il y a 3 idées que j’aimerais partager avec vous :
-        -   La première c’est de penser, bien évidemment, à ces 6 millions de personnes. Plus qu’à leur mort qui s’est passée dans des conditions tragiques, je pense à ce que leur vie aurait pu être. Je pense à ceux qu’ils auraient pu accomplir, devenir. Certains étaient encore des enfants, à qui se seraient ils mariés ? Combien d’enfants auraient-ils eu ? C’est à tout cela que je pensais pendant les 2 minutes de sirène.

-        -   Et puis je pense aux survivants. Ces personnes qui ont un parcours hors du commun, des histoires à dormir debout à raconter. Nous sommes la dernière génération à connaitre des survivants de cette Horreur. Nos enfants ne les verront pas, ou en tout cas n’auront pas l’occasion de leur parler. J’aimerais tant m’accroupir auprès de chacun d’eux et entendre leurs histoires comme je le fais avec mes grands-parents quand ils me racontent la guerre d’Algérie ou leur renvoi de l’école en Algérie pendant la seconde guerre mondiale. J’espère que chacun d’eux a des petits enfants et qu’ils écoutent toutes leurs histoires.

-          - Et puis je pense aux autres personnes tuées parce que juifs et pas il y a des années, pas dans des contrées lointaines…. Là, en France juste sous nos yeux, à Paris, à Toulouse…. Et c’est sans parler des gens qui veulent voir disparaître l’Etat d’Israël et tous ses juifs. Parfois j’ai comme des envies de « foutez nous la paix». C’est un si petit pays, pourquoi on ne pourrait pas avoir au moins ça.

Voilà, ce n’est pas un billet très joyeux mais malheureusement les événements de l’Histoire, de notre Histoire, ne le sont pas tous. Il est important de se souvenir, de ne jamais oublier et de raconter cette histoire de génération en génération afin que ça ne se reproduise plus jamais. Et je crois aussi, qu’en tant que juifs, il est important de tendre la main aux autres, à ceux qui sont différents, et de s’efforcer de ne pas être racistes, homophobes ou xénophobes, peu importe la forme. Mardi prochain, une autre sonnerie retentira, et nous célébrerons les soldats tombés pour Israël. Nous rendrons hommage à ceux qui s’assurent que nous , Juifs du monde entier, soyons en sécurité sur la terre d’Israël.

Et juste après cela, on célébrera dans la joie les 65 ans de ce pays dans lequel j’ai choisi de commencer une nouvelle vie ! Am Israël Hai !

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