Mon cher Israël,
Depuis que je t’ai quitté en mars dernier, j’ai eu chaque jour envie de
t’écrire quelques mots. Je sais que je suis partie sans rien dire, sur la
pointe des pieds et que tu ne méritais pas ça, que notre amour ne méritait pas
ça, qu’une lettre aurait été le minimum.
Aujourd’hui, je ne suis pas là pour ça. J’ai appris via les réseaux sociaux
et les gens qui t’ont vu récemment, que tu vis des moments très difficiles,
donc je ne souhaite pas enfoncer le clou.
Je souhaite tout simplement prendre de tes nouvelles et être là avec toi
dans ces heures où tu enterres tes enfants, je souhaite prendre ta main dans la
mienne et juste être présente.
Alors, je comprends aujourd’hui ta tristesse, ta peine, ta souffrance. Des
gens que tu aimes, et qui t’aimaient, ont été arrachés à la vie, arrachés à
toi, juste parce qu’ils souhaitaient vivre sur tes terres, juste parce qu’ils
se promenaient chez eux.
Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai ressenti une profonde tristesse, et une
profonde injustice. Un bruit assourdissant a retenti dans ma tête, dans mon
cœur, dans tout mon être. J’ai murmuré leur prénom entre mes dents tout en
serrant fort mon poing, comme pour étouffer littéralement la douleur. Et j’ai
pensé à eux, à ce que pouvait être leur vie, à leur dernier souffle, à leurs
peurs, à leurs prières… J’ai écouté des chansons tristes, mais aucune larme n’a
coulé. Il n’est resté que ce silence.
Tu sais, de t’avoir quitté, a fait de moi une personne légèrement
différente car j’ai laissé un bout de mon cœur auprès de toi. Aujourd’hui, tout
ce que je veux c’est que tu sois heureux, que tu puisses vivre des jours
paisibles et indéfiniment joyeux. C’est tout ce qu’on peut souhaiter aux gens
qui nous sont chers. Tu te souviens, je te l’avais écrit dans une autre lettre
pour ton anniversaire, nous sommes unis à jamais. C’est comme ça quand on s’est
aimés si fort.
Aujourd’hui, je ne sais pas vraiment quoi te dire pour te consoler, je ne
peux que me joindre à tous tes enfants et prier. Prier notre D.ieu, qui nous a
toutes et tous choisis pour être tes amours, prier le D.ieu qui nous a donné à
toi, à moins que ce ne soit le contraire. Le prier de nous sauver de ce
malheur, de ce cauchemar.
Donc je t’en prie, ne m’en veux pas de ne pas trouver les mots justes et ne
m’en veux pas d’être partie si précipitamment. Tes plages et ton soleil me
manquent terriblement, mais au-delà de ça, ta spiritualité et l’unité de tes
amoureux sont ce qui me fait le plus défaut en ce moment.
J’aimerais, surtout en ces temps si déchirants, être auprès de vous tous.
Mais je sais que, de la même façon que je t’ai laissé un bout de mon cœur, toi
aussi tu m’as laissé un bout de toi et chaque jour il nourrit ma force et ma
détermination à vivre, à t’aimer encore et à te défendre toujours.
Ton cœur est si grand, combien sommes-nous à en avoir un morceau ?
Souhaitons que chacun, à chaque coin du monde, prie aussi fort que moi pour te
permettre de retrouver rapidement le chemin de la paix.
Je t’aime et je t’aimerai toujours.
Sarah
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