jeudi 11 décembre 2014

Sarah mène dans le monde des songes



À partir du moment où on ferme les yeux, c'est comme si on était dans la salle d'attente du sommeil. On attend de basculer de l'autre côté. C'est le moment où nos secrets ou ce qui s'est passé d'important dans la journée se transforment et passent sur votre disque dur.  Ce moment où on lutte parfois contre le sommeil comme si la journée n'avait pas été assez longue, comme si on voulait encore grappiller quelques minutes. 

C'est le moment où tout s'apaise enfin mais c'est aussi le moment où tous vos doutes ressurgissent, où toutes les inquiétudes remontent à la surface. Finalement c'est le seul moment où on est face à soi-même. Plus personne ne peut vous rassurer, emporter notre attention ou nos pensées ailleurs.  Il y a juste vous et vous-même.  C'est le moment de toutes les remises en question, ça se passe ici et tous les soirs. 

A un moment vous êtes là et l'autre vous êtes partis dans vos songes. Alors c’est votre inconscient qui va prendre le relais, et endormis, plus rien de la vie réelle ne pourra vous atteindre, plus rien que vos rêves ne pourront vous murmurer  à  l'oreille. J'aime ce moment mais je le redoute aussi. Parfois c'est ce moment  que choisissent mes larmes pour couler doucement sur mes joues. D’autres fois, heureusement,  je m'endors avec un sourire d’enfant, prête, comme eux, à rire aux anges.


Et enfin, il y a les rêves que l’on fait et ceux que l’on se fabrique. Le moment du coucher peut aussi être celui de toutes les prières, de tous les espoirs. C’est le moment de croire que les étincelles scintillent encore dans les yeux des autres. Le moment de demander à D.ieu, de nous prêter de beaux rêves et de nous prêter une belle vie à notre réveil. Peut-être rêverons-nous de lui, de celui qui finalement, si on ne le trouve pas le jour, se cache peut-être dans nos rêves, dans nos nuits. 

Comme écrivait Simone de Beauvoir à Nelson, son amant :
« J'aimerais rêver de vous , mais mes rêves ne m'obéissent pas toujours ».


En bonus, un autre extrait d’une des lettres de Simone à Nelson, écrite avant de se coucher :

« Vous devez comprendre, Nelson, je dois être sûre que vous comprenez bien la vérité : je serais heureuse de passer jours et nuits avec vous jusqu'à ma mort, à Chicago, à Paris ou à Chichicastenango, il est impossible de ressentir plus d'amour que je n'en ressens pour vous, amour du corps, du cœur et de l'âme. Mais je préférerais mourir plutôt que de causer un mal profond, un tort irréparable à quelqu'un qui a tout fait pour mon bonheur. Croyez-moi, mourir me révolterait, or vous perdre, l'idée de vous perdre, me paraît aussi intolérable que celle de mourir. Peut-être pensez-vous que voilà bien des histoires, mais pour moi ma vie est essentielle, notre amour est essentiel, ça vaut la peine d'en faire une histoire. Et puisque vous me demandez ce que je pense, et que je me sens en grande confiance avec vous, je vous dis tout ce dont mon cœur est plein. Maintenant, au lit, non sans vous embrasser - un amoureux, amoureux baiser. »

1 commentaire:

  1. A partir du moment où l'on garde les yeux ouverts dans son lit alors que l'on est censé les fermer, c'est le signe qu'on aimerait voir ses songes ou ses pensées... C'est assez étonnant puisque dans l'absolu, on pourrait faire cet exercice dans la journée lors de nos temps calmes... mais non. Ce moment particulier où tu pars à la rencontre du sommeil commence par une bulle à part où tu te sens le droit de faire défiler les principaux faits marquants de ta journée... cela peut être tout simplement la dernière réplique d'un film ou du livre que l'on a vu avant de tout mettre en off... ou alors un geste, une parole qui a marqué...
    C'est ensuite que je te rejoins... on ferme les yeux...pour être dans sa salle d'attente du sommeil... mais on emmène dans cette salle d'attente ce que l'on a déjà trié dans sa bulle... soit on y emporte les choses qui ont procuré de bonnes sensations, soit on ferme la porte à ce que l'on ne veut pas emporter dans son sommeil...
    Je vais aller plus loin... Cette salle d'attente des songes conditionne souvent le réveil :-)) Si on emporte avec soi de jolies choses alors il est probable que l'on se réveille avec le sourire et dans le cas contraire, qui ne s'est jamais réveillé avec la boule au ventre ou complètement dépité comme si la nuit n'a pas eu cet effet magique de tout gommer nos malheurs... Comme quoi, il ne faut pas négliger et la bulle et la salle d'attente du sommeil.

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