Pour moi, le temps du
deuil était passé, ou du moins enfoui, et il était temps de se lever et de
rester debout face au terrorisme. Il était temps de rappeler à tout le monde
que ce n’est pas ça la France, que ce n’est pas la peur mais que ce sont des
valeurs. Certains diront « enfin », mais les « trop tard »
ne gâcheront pas la « fête », même s’il y a 2 ans ça aurait été
réconfortant de voir autant de monde se rassembler autour des victimes de ce
terroriste de Toulouse. Mais participer à la marche du 11 janvier n’a jamais
été une question. Les questions sont ailleurs,
« Pourquoi ? » « Comment ? » « Et
après ? ».
Mais certainement pas sur le sursaut, la
mobilisation, le rassemblement. Je me suis préparée et nous y avons été avec ma
sœur et mes amis : les 3 religions monothéistes représentées dans les
rangs, j’étais fière que nous soyons une représentation de la diversité et de
la fraternité, fière d’être française. Nous avons crié fort le nom de
« liberté ». Pour ma part, je n’ai pas oublié que plus
d’« égalité » (sociale, des chances) permettrait sans doute plus de
« fraternité ». Je n’ai pas oublié non plus que le débat public
devait prendre le dessus et que les sujets des religions, de la laïcité et de
l’éducation devaient émerger de ces événements. Enfin, j’ai pensé fort qu’il ne
fallait plus que les questions de sécurité, d’immigration ou d’identité
nationale soient confisquées par le FN.
Pendant la manif, j’ai pris des bides énormes en
voulant lancer la Marseillaise face une foule impassible mais mon égo s’en
remettra. Les parisiens étaient parfois un peu mous mais j’ai compris que les
gens encore choqués n’avaient pas le cœur à scander. Comme me l’a rappelé
justement un Monsieur dans le cortège, chacun se mobilise à sa façon. J’ai donc
voulu rassembler un ensemble de témoignages pour savoir comment les autres
avaient vécu cette marche républicaine.
Mathias, 35 ans, Coordinateur des voyages
d’études au Mémorial de la Shoah – a marché à Paris
« Un grand et beau moment d'unité
nationale. La mobilisation et l'ambiance d'aujourd’hui me donnent de
l'espoir...pourvu que cette belle unité perdure et qu'elle contribue à une
amélioration de la situation de la France et des Juifs de France. »
Mathias a tenu a souligné aussi que hors manif il
a reçu plusieurs messages d’amis non juifs pour lui faire part de leur soutien.
Serval Frayer, 43 ans, ancienne éducatrice
spécialisée – a marché à Paris
« Jusqu'à vendredi soir, je ne pensais pas
participer au rassemblement de dimanche. Je devais rentrer chez moi après
plusieurs semaines d'absence et j'avais juste envie de m'éloigner de Paris au
plus vite. Et puis il y a eu les événements de vendredi. Tout ce qui s'est
passé ce jour là, paradoxalement, m'a sortie de la spirale émotionnelle dans
laquelle j'étais. J'ai pu recommencer à penser autrement.
Nous sommes allés marcher dimanche. Mon
compagnon, son ado, une amie et moi. Nous avons marchés côte à côte, main dans
la main. Il faisait beau. Nous étions sur le deuxième parcours. C'était calme.
Pas de Marseillaise, pas de cris, juste de temps en temps, une vague
d'applaudissements, qui arrivait de l'arrière comme la houle. Cela a été un
moment de partage incroyable. Chacun avait ses raisons d’être là mais elles
étaient suffisamment communes pour nous réunir tous.
Je n'avais pas de badge, de panneau, juste un
crayon planté dans les cheveux. Car dimanche, je n'étais pas Charlie, juive,
flic, musulmane ou autre mais juste moi, citoyenne de ce pays, qui marchait
pour les libertés et le droit à vivre tous ensemble avec nos différences. Pas pour
mon petit confort individuel mais pour les libertés qui nous concernent tous,
collectivement en tant que société. Je me rends compte que j'ai bien moins peur
des actions terroristes que des effets qu'elles ont. Mes craintes résident dans
le « et maintenant ? ». Car j'ai bien peur que contrairement à
ce qui c'était passé en Norvège, nous n'allions pas vers plus de libertés mais
vers une rigidification des positions communautaires. Et ça sera ajouter de la
violence à celle qui nous a frappé, tous. Dimanche, ma place était dans cette
marche et non dans le train. Si je voulais vraiment développer, cela prendrait
des pages alors je m'arrête là. »
Océane, 32 ans, Chef de projets web – a marché à
Paris
« Il y a souvent eu des événements,
des actes, des paroles dans ma vie que j'ai lu ou entendu où je me
suis révoltée, indignée, mise en colère.
Bien souvent j'ai eu envie de manifester ou dire
quelque chose mais je n'ai rien fait.
Hier je ne pouvais pas tranquillement rester
chez moi c'était juste inconcevable et j'y serais allé même si seulement 500
personnes étaient réunies!
Toute ma culture et mon éducation étaient
touchées et mis à rude épreuve, cette fois ci il fallait montrer à tous ces
barbares que le peuple français n'est pas si facile à détruire et ne cédera pas
à la peur.
C'est donc gonflée à bloc que je suis allée
manifester sur la place de la République à Paris et j'ai eu le sentiment de
participer à un événement historique!
Non seulement je défilais aux côtés de millions
de personnes à Paris mais aussi dans le monde pour partager une indignation
mais aussi je manifestais auprès de mon compagnon musulman et de mon
amie juive.
Pour moi les mots solidarité et fraternité ont
pris un sens profond et je me suis sentie fière, extrêmement fière, de partager
cette émotion ensemble et sans aucun a priori de la part de qui que soit, nous
étions simplement ENSEMBLE!
Je souhaite aux gens de connaître un tel moment,
ou presque le temps est suspendu par la grâce de ce symbole de 3 religions
réunies dans la douleur. »
Ando, 41 ans, Directeur des Systèmes
d’Information – a marché à Paris
« Sarah fléchit pour que la marche d'hier
ait un sens....
11 janvier 2015 : je sais que je viens de vivre
un événement historique que seul l'Homme est capable de faire. Oui, l'Homme
avec un grand H car la marche d'hier est la preuve vivante que le réflexe
d'humanité est très puissant quand on touche à tout ce qui pourrait
l'affaiblir.
J'ai pu lire avec émotion toutes les pancartes
ou les différents supports où étaient inscrits "je suis Charlie"
"je suis juif" "je suis musulman" "je suis flic"
"je suis...etc."
Je comprends toute la compassion qu'il y avait
derrière ces expressions et j'ai mesuré cette volonté infinie de rendre hommage
à toutes les victimes des attentats mais hier, j'ai assisté à quelque chose
d'unique et de trop rare : des hommes et femmes qui avaient envie de se
retrouver, de se parler et de se toucher et surtout des personnes qui n'avaient
pas envie qu'on les voie autrement que par le fait d'exister en tant qu'être
humain.
Cette marche a réaffirmé haut et fort à quel
point il est important de remettre l'Homme au cœur de nos préoccupations. Cette marche a lancé un message absolument
époustouflant pour dire qu'ôter la vie d'un Homme ne doit jamais être une
réponse à une humiliation, ou à un acte qui pourrait être ressenti comme une
humiliation.
La marche d'hier est une réconciliation avec les
vraies valeurs de la République car on y a mis derrière les mots : liberté,
égalité et fraternité, des sourires malgré une semaine terrible, des
applaudissements sincères et chaleureux aux forces de l'ordre et de la
complicité emplie d'humanité de tous les participants... »
Léa, 30 ans, Contrôleur de Gestion – a marché à
Paris
"J'ai décidé d'aller à la manif pour montrer
que je veux défendre les valeurs de la république face au terrorisme. J'y suis
allé aussi pour qu'on n'oublie pas les événements de ces derniers jours.
Généralement quand on assiste à une manif, on s'en souvient toute sa vie.
Je suis arrivée assez tôt, j'ai été impressionné
par le monde. Après j'ai eu un double sentiment: à la fois j'étais contente que
tout le monde se soit rassemblé, après je ne sais pas à quoi ça va servir.
Qu'est ce que demain nous réserve? J'ai l'impression que tout le monde aura
oublié sauf les familles et amis des victimes. J'ai vraiment peur pour
l'avenir. Après en tant que juive de France, je me sens doublement touchée par
ces événements et je me demande comment devons-nous voir l'avenir si nous
sommes régulièrement en danger dans notre propre pays. "
Squirelito, bloggeuse – a marché devant sa
télévision car elle n’a pu se rendre à une marche
« 7 janvier 2015
11 janvier 2015
Deux dates, l'une s'appelle horreur, l'autre
s'appelle espoir
Une nation, des nations, le monde. Pas de
communautés mais un peuple qui a décidé d'être indivisible pour dire non à
l'extrémisme et oui à la liberté.
J'espère que cette journée où la diversité est
devenue richesse aura une suite pour lutter contre une menace toujours présente
car n'oublions pas, de part le monde, des milliers de personnes continuent à
souffrir du terrorisme et de la violence sans limites... »
Florence, 33 ans, Gestionnaire de patrimoine – a
marché à Paris
« Malgré la peur des mouvements de foule,
malgré les appels de proches "c'est risqué n'y va pas", malgré
certains politiciens présents, j'y étais !
Je rejoins Sarah et des amis et nous nous y rendons en métro.
Rencontre inattendue d'un moine portant une pancarte avec "Je suis" puis la liste de toutes les victimes et à la fin de la liste les noms de ces 3 pourris. Comment ose-t-il? Comment peut-il manifester en disant qu'il est aussi ces "hommes"? Trop de monde, trop de peine je n'arrive pas à lui dire ce que je pense (aujourd'hui je regrette de ne pas lui avoir posé la question).
Nous arrivons place de la République et je prends conscience de l'ampleur de ce moment. Je pensais que nous serions nombreux mais à ce point ...
Les gens sont là en famille, de tout âge, de toutes couleurs, de toutes religions. Ils sont là avec des stylos, des pancartes, des unes de Charlie mais ils sont surtout là avec leur peine, leur cœur meurtri et aussi leur espoir profond que tout cela ne se reproduise plus jamais.
Dans ce genre de moments j'aurai eu envie d'entendre les gens crier et scander haut et fort ce qu'ils ressentent. Nous essayons de lancer quelques "Charlie Juif Flic, Nous sommes la République", "Liberté Égalité Fraternité", la Marseillaise mais cela ne prend pas vraiment ... Mon cœur saigne, mes larmes ne cessent de couler depuis quelques jours. Moi quand j'ai mal j'ai envie de m'exprimer et encore plus aujourd'hui. Tout le monde n'a pas eu le même ressenti et je le respecte. Chacun a une manière différente d'exprimer sa douleur.
Il était important pour moi de me faire entendre, oui je suis Charlie mais je suis aussi Juive ! Et aujourd'hui j'en ai assez de me taire, de ne pas exprimer mon malaise face à cet antisémitisme montant. Ce n'est pas uniquement devant Hypercacher, où j'étais la veille au soir, que je dois montrer ma douleur mais aussi et surtout ici devant tout le monde. La France doit prendre conscience, cela ne peut en être autrement!!!
J'ai été touchée de voir des musulmans avec des pancartes exprimant leur refus de cette vision de l'islam. Malgré tout, les musulmanes voilées étaient très peu nombreuses et cela m'attriste. Par peur? Par manque de conviction en ces valeurs républicaines?
La foule piétine, nous n'atteindrons pas Nation, trop de monde...
Nous rentrons et passons devant le magasin Hypercacher, nous décidons de rester. La foule est éparse et je suis déçue et en colère de voir que ne serait-ce qu'une partie de cette marrée humaine, n'a pas pris la peine de faire quelques pas supplémentaires pour rendre hommage à ces 4 victimes.
Cette journée se termine sur une fatigue émotionnelle et physique, sur un espoir et en même temps une non-illusion...
Combien de temps cet élan va t'il durer?
J'ai l'amère sensation que beaucoup étaient présents pour se donner bonne conscience mais que le quotidien reprendra vite le dessus.
Demain sera un autre jour ... »
Je rejoins Sarah et des amis et nous nous y rendons en métro.
Rencontre inattendue d'un moine portant une pancarte avec "Je suis" puis la liste de toutes les victimes et à la fin de la liste les noms de ces 3 pourris. Comment ose-t-il? Comment peut-il manifester en disant qu'il est aussi ces "hommes"? Trop de monde, trop de peine je n'arrive pas à lui dire ce que je pense (aujourd'hui je regrette de ne pas lui avoir posé la question).
Nous arrivons place de la République et je prends conscience de l'ampleur de ce moment. Je pensais que nous serions nombreux mais à ce point ...
Les gens sont là en famille, de tout âge, de toutes couleurs, de toutes religions. Ils sont là avec des stylos, des pancartes, des unes de Charlie mais ils sont surtout là avec leur peine, leur cœur meurtri et aussi leur espoir profond que tout cela ne se reproduise plus jamais.
Dans ce genre de moments j'aurai eu envie d'entendre les gens crier et scander haut et fort ce qu'ils ressentent. Nous essayons de lancer quelques "Charlie Juif Flic, Nous sommes la République", "Liberté Égalité Fraternité", la Marseillaise mais cela ne prend pas vraiment ... Mon cœur saigne, mes larmes ne cessent de couler depuis quelques jours. Moi quand j'ai mal j'ai envie de m'exprimer et encore plus aujourd'hui. Tout le monde n'a pas eu le même ressenti et je le respecte. Chacun a une manière différente d'exprimer sa douleur.
Il était important pour moi de me faire entendre, oui je suis Charlie mais je suis aussi Juive ! Et aujourd'hui j'en ai assez de me taire, de ne pas exprimer mon malaise face à cet antisémitisme montant. Ce n'est pas uniquement devant Hypercacher, où j'étais la veille au soir, que je dois montrer ma douleur mais aussi et surtout ici devant tout le monde. La France doit prendre conscience, cela ne peut en être autrement!!!
J'ai été touchée de voir des musulmans avec des pancartes exprimant leur refus de cette vision de l'islam. Malgré tout, les musulmanes voilées étaient très peu nombreuses et cela m'attriste. Par peur? Par manque de conviction en ces valeurs républicaines?
La foule piétine, nous n'atteindrons pas Nation, trop de monde...
Nous rentrons et passons devant le magasin Hypercacher, nous décidons de rester. La foule est éparse et je suis déçue et en colère de voir que ne serait-ce qu'une partie de cette marrée humaine, n'a pas pris la peine de faire quelques pas supplémentaires pour rendre hommage à ces 4 victimes.
Cette journée se termine sur une fatigue émotionnelle et physique, sur un espoir et en même temps une non-illusion...
Combien de temps cet élan va t'il durer?
J'ai l'amère sensation que beaucoup étaient présents pour se donner bonne conscience mais que le quotidien reprendra vite le dessus.
Demain sera un autre jour ... »
Alice, 47 ans, secrétaire médico-sociale dans une collectivité - a suivi la marche à la télé à Montpellier
« Tout d'abord l'horreur !!!! Puis la
tristesse pour les victimes et la fierté de voir toute cette mobilisation au
nom de la liberté d'expression !!!
Bien sûr les dessins de Charlie Hebdo peuvent
choquer et même moi j'ai parfois pensé que l'on ne pouvait pas rire ni se
moquer de tout...
Mais doit-on tuer pour cela ? NON !!! Je ne le
crois pas.
Je suis fière d'être Française et de voir cette
mobilisation néanmoins je ne peux m'empêcher de penser que nous aurions dû le
faire bien avant,
Combien d'innocents sont morts dans les
attentats en brisant pour toujours leur famille... Combien d'actes horribles à
travers le monde...
Ce n'était peut être pas le moment, à présent il
faut continuer main dans la mains et surtout dans le respect de l'autre
!!!! »
Bénédicte, 28 ans, cadre chez Louis Vuitton – a
marché à New York
Bénédicte n’a pas pu me transmettre directement
son ressenti car le décalage horaire fait que ça a été un peu compliqué. Par
contre, elle m’a raconté qu’elle a mis son réveil dans la nuit pour assister
aux funérailles des victimes en Israël sur CNN. Elle a aussi participé à la
marche organisée à New York. Elle m’a expliqué que la communauté juive
expatriée est très soudée à New York, tout comme le peuple juif en général.
Elle est dévastée et fait remarquer que les américains, qui avaient fiché
Coulibaly comme terroriste, se sentent concernés par le terrorisme depuis le 11
septembre qui est toujours dans les esprits là-bas.
Vanessa, 30 ans, éducatrice pour enfants – a
décidé de ne pas aller à la marche
« Je ne sais pas par ou commencer, tout
ceci me parait tellement irréel
Ce shabbat a un goût triste, je suis entre
colère, larmes et peur, car même si je n’y étais pas je travaille a côté donc
nous avons été confiné ...
C est posé la question de savoir si j’irais ou pas à la manifestation de dimanche. J’ai décidé de ne pas y aller, j’ai ce sentiment que la mort de ces 4 juifs est insignifiante pour la France.
J’ai décidé d aller me recueillir devant hyper casher, y déposer des roses pour ces anges partis trop tôt. . En arrivant sur les lieux, quand j’ai vu toute cette foule, mon cœur s est remplie de joie car même si la société française n’éprouve pas grand intérêt, nous la communauté juive nous sommes la pour rendre hommage.
Mais dans la foule j’y ai vu des juifs mais pas que, catholiques aussi, nous avons exprimé notre colère, notre rage. Marre d’être la cible de ses islamistes, mais affirmer la fierté d’être français
Devant cette foule, je me demande comment nous
avons pu en arriver là?
Encore enterrer nos frères, je suis en colère,
je me pose cette question : « quel avenir pour les juifs de
France? »
Nous crions cette phrase devant les caméras,
morts parce que juif
Cette colère et ce sentiment d’insécurité de
toute une communauté. Mon cœur pleure mes frères tués parce que juifs, je prie
pour eux, pour leurs familles. Mais 2 jours après mon cœur saigne toujours, je
n’imagine même pas la douleur que doit éprouver ces familles endeuillées...
Mais après ce moment d’émotion, je veux encore
plus affirmer que je suis juive, et fière de l’être. Je continuerai à
fréquenter les supermarchés cashers, à me rendre a la synagogue, et porte avec
fierté mon étoile de David : « même pas peur des
islamistes ! »
Laura, 30 ans, chargée de mission en Espagne pour une agence publique - a
réagi depuis Barcelone
« Pourquoi même
si je ne suis pas charlie, Jesuischarlie
À l'heure où
l'émotion générale est intense, la peine grande, la plaie ouverte, le
traumatisme récent et le #jesuisCharlie omniprésent dans les médias et sur les
réseaux sociaux du monde entier, certains articles, posts de blogs et
autres émergent, provocateurs et dérangeant « non je ne suis pas
Charlie ».
J'ai eu quelques doutes au début je n'osais pas cliquer
de peur de trouver des horreurs et puis la curiosité l’a finalement emportée,
j'ai lu et j'ai même partagé certains sentiments …ça m’a un peu perturbée et
j’y ai réfléchi mais malgré tout je l’affirme : je suis Charlie et voilà
pourquoi :
Commençons par le
pourquoi dans le fond c’est un peu vrai, je ne suis pas Charlie. Charlie
hebdo exerçaient sa liberté d'expression à fond, sans limites, sans tabous et
sans hypocrisie. On se doit donc de faire de même et oui j'avoue je
n'approuvais pas Charlie hebdo à 200%. Oui il y a certains dessins que j'ai
trouvés offensant et pas drôles. Je suis partisane du on peut rire de
tout…tant que c'est drôle.
Je n'ai aucun
problème avec certaines caricatures que je trouve provocantes mais assez
pertinentes. En revanche d'autres me semblent absurdes et choquantes. C'est mon
point de vue, moi qui suis pourtant si ce n'est athée disons agnostique et qui
ai grandi en dehors de tous principes religieux (exception faite bien sur des
valeurs chrétiennes ancestrales sur lesquelles la plupart des cultures
occidentales sont fondées et dont nous ne sommes pas vraiment conscients),
moi qui suis d'une famille italiano-espagnole et qui ne suis même pas baptisée
et n'ai jamais mis les pieds dans une église (sauf pour faire du tourisme).
Probablement à cause du traumatisme de mes aïeuls qui ont vécu des régimes où
l'église toute puissante a appuyé des dictateurs sans pitié et commis des
horreurs, assassinats et autres enlèvements d’enfants et qui, même s’ils ne se
l’avouent pas, ont un peu perdu la foi et je les comprends. Et bien moi, pure
produit de la laïcité et de la perte de vitesse de la religion (du moins de la
pratique) chrétienne, je le dis oui certains dessins de Charlie Hebdo m'ont
choqués et je ne les approuvais pas. Attention je ne dis pas qu'il aurait fallu
les censurer pas du tout. Même si je trouve certains dessins bête et je trop
provocant ils l'étaient pour la Religion ils ne l’étaient pas pour le peuple
concerné et n'incitaient en rien à la haine. Je fais ce distinguo car
dans certains articles j'ai trouvé des comparaisons avec les censures dont est
l'objet Dieudonné. Et là je ne suis absolument pas d'accord avec la
comparaison. Dieudonné a eu des propos très violents contre la communauté juive
et pas seulement dans ses spectacles « au nom de l'humour » mais
aussi dans la sphère privée. Il est ouvertement antisémite et son
discours est un appel direct à la haine des juifs. Le censurer me parait
aussi logique que d'interdire un parti politique ouvertement néo nazi et en ce
sens d'ailleurs je ne m’offusquerais pas d'une interdiction du FN qui est, de
façon un tout petit peu plus subtile peut être (quoique), un discours anti
maghrébins (voir anti-juif voir anti tout ce qui est pas 100% pure Gaulles).
Une caricature du prophète, même mal placée et maladroite, n’appelle pas à la
haine des musulmans. Cependant effectivement si on m’avait demandé avant les
événements « toi tu es Charlie ? » et bien j’aurais probablement
dis non, pas tout à fait. Mais pourquoi alors j’ai spontanément dis oui ?
Pourquoi je n’ai pas douté un seul instant à clamer haut et fort #jesuischarlie ??
Mais parce qu’on s’en
fout dans le fond de savoir si on approuvait tous Charlie Hebdo, certains
probablement ne connaissaient même pas et ce n’est pas la signification de ce
mouvement. Le jesuischarlie est sorti de son champ lexical pour devenir un cri
d’indignation, de deuil, de soutien massif et aussi d’unité. Ba oui moi je suis
Laura je ne suis pas Charlie si on va dans ce sens-là…
Je suis
#jesuischarlie parce que il a touché tout un peuple, il a uni toute une
population qui pourtant souffre de plus en plus de ses divisions et du
communautarisme grandissant, il a été symbole du soutien et de l’émotion du
monde entier face à ces événements tragiques, il a fait émerger de
l’horreur de ces actes un mouvement positif de solidarité, de compréhension,
de mélange au-delà des provenances, des nationalités, des religions. Peut-être
que je me trompe complètement, et les attaques de certains lieux musulmans me
font un peu douter mais moi j’ai cette impression qu’il y a eu un sursaut de
« merde dire qu’on a fait l’amalgame entre nos français musulmans et
ça ! », un sursaut de tolérance, de Black Blancs Beurs 90’s style, de
touche pas à mon pote. Cette histoire de Lassana Bathily, le héros musulman de
l’hypercasher qui a sauvé des juifs mais merde c’est beau ça ! Ca faisait
combien de temps en France qu’on n’avait pas entendu une histoire pareil de
solidarité Juifs/Musulmans ? Et les 4 millions de personnes qui ont défilé
en France, 1,2 millions rien qu’à Paris ça s’était pas vu depuis la libération
en 44 ! Pour moi c’est ça le jesuischarlie je suis surement
complètement naïve mais c’est l’espoir que de cette atrocité quelque chose de
positif est en train de sortir, c’est repartir à zéro, remonter dans le temps,
effacer les ardoises et dire qu’on peut tous se serrer les coudes, on peut tous
vivre ensemble, tous unis contre les cons, tous unis contre la violence et la
barbarie, on est tous français, on est tous juifs, on est tous musulmans, on
est tous Charlie. »
Si vous aussi vous
voulez donner votre ressenti, les commentaires de ce post sont ouverts à
tous ! Dans le respect de nos valeurs et de la légalité (je rappelle que
les propos racistes et antisémites sont des délits).
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