jeudi 27 août 2015

Sarah joute des interrogations

En me baladant dans les rayons de la FNAC, je me suis arrêtée sur un livre qui s’appelait « je ne suis pas celle que je suis »

Ça m’a interrogée, car justement, depuis quelques jours, je me pose des questions sur la nuance entre ce que nous croyons être, ce que nous voulons être, ce que nous pouvons être et ce que nous sommes.
Les erreurs, les regrets, sur quelle échelle se mesurent ils ?

Est-ce par rapport aux autres ? Par rapport à soi ? Par rapport à l’image qu’on souhaite donner de soi ou qu’on souhaite se donner à soi-même ?

Tout ça est très complexe et je pense qu’il nous faudrait l’avis de Platon, de Voltaire ou même de Kant, mais pour l’instant, vous allez devoir vous contenter de l’avis de Sarah (ouais la meuf qui ramène tout le temps sa fraise).

C’est vrai que dans le métro le matin, entre un sosie vieillissant d’Elodie Frégé et une meuf avec un chouchou restée coincée dans les années 90, ben moi je me pose des questions…

Parmi toutes ces possibilités et nuances dont je parlais, il est important, à mon sens, de ne pas se perdre, ne pas s’éloigner de ce qu’on voudrait être, des rêves qui nous ont nourris, des ambitions que l’on a formulées…

Et si finalement elle était là, la quête du bonheur ? Si être heureux, c’était être (au quotidien) ce que l’on est (à l’intérieur). En le vivant, en l’assumant quoi !

Etre en accord avec soi-même. Avoir un comportement qui correspond à ses paroles et des paroles qui correspondent à ses pensées.  Et des pensées à la hauteur de l’idée qu’on se fait de nous et de la projection que l’on a de soi. 

D’ailleurs est ce que tout ça c’est possible ? Est ce qu’on peut vivre toute une vie sans se perdre ? Sans faire d’écarts (et là j’entends pas « écarts » par « entraves » à la morale mais bien par entrave à ce que l’on est).

Se perdre, se manquer, se retrouver… il me semble que c’est aussi ça la vie. Puisque tout n’est pas noir ou blanc, laissons-nous naviguer comme on peut (comme on veut) « entre gris clair et gris foncé » (qui a besoin de Jean Jacques Rousseau quand il a Jean Jacques Goldman)

Alors, chers amis, je vous suggère de vous écouter vous, d’em****er ceux qui essayent de vous faire faire comme ils l’entendent eux… et surtout, si vous n’arrivez pas toujours à atteindre ce que vous êtes, pardonnez-vous de temps en temps ! Il parait que personne n’est parfait !


3 commentaires:

  1. Très beau texte, auquel je voudrais (en toute modestie) apporter des éléments de réponse.
    Les questions sont très juste et tout à fait pertinentes, c'est à juste titre (et c'est du plus honnête - la majorité des gens ne le font jamais) de se demander qui on est vraiment, est-ce que l'on vit réellement pour soi, quelle est la part du regard de l'autre dans ce que nous devenons.
    La première réponse nous vient de Lacan, qui nous a tellement ouvert les yeux avec sa fameuse figure du "Stade du miroir", je laisse Merleau-Ponty vous expliquer ce dont il est question:
    Dans cet extrait d’un cours professé à la Sorbonne, Merleau-Ponty commente ce que le psychanalyste Jacques Lacan appelle le stade du miroir. Pourquoi la reconnaissance par le jeune enfant de son image dans le reflet du miroir entraîne un véritable bouleversement ?

    La compréhension de l’image spéculaire consiste, chez l’enfant, à reconnaître pour sienne cette apparence visuelle qui est dans le miroir. Jusqu’au moment où l’image spéculaire intervient, le corps pour l’enfant est une réalité fortement sentie, mais confuse. Reconnaître son visage dans le miroir, c’est pour lui apprendre qu’il peut y avoir un spectacle de lui-même. Jusque-là il ne s’est jamais vu, ou il ne s’est qu’entrevu du coin de l’œil en regardant les parties de son corps qu’il peut voir. Par l’image dans le miroir il devient spectateur de lui-même. Par l’acquisition de l’image spéculaire l’enfant s’aperçoit qu’il est visible et pour soi et pour autrui. Le passage du moi intéroceptif au « je spéculaire », comme dit encore Lacan, c’est le passage d’une forme ou d’un état de la personnalité à un autre. La personnalité avant l’image spéculaire, c’est ce que les psychanalystes appellent chez l’adulte le soi, c’est-à-dire l’ensemble des pulsions confusément senties. L’image du miroir, elle, va rendre possible une contemplation de soi-même, en termes psychanalytiques d’un sur-moi, que d’ailleurs cette image soit explicitement posée, ou qu’elle soit simplement impliquée par tout ce que je vis à chaque minute. On comprend alors que l’image spéculaire prenne pour les psychanalystes l’importance qu’elle a justement dans la vie de l’enfant. Ce n’est pas seulement l’acquisition d’un nouveau contenu, mais d’une nouvelle fonction, la fonction narcissique. Narcisse est cet être mythique qui, à force de regarder son image dans l’eau, a été attiré comme par un vertige et a rejoint dans le miroir de l’eau son image. L’image propre en même temps qu’elle rend possible la connaissance de soi, rend possible une sorte d’aliénation : je ne suis plus ce que je me sentais être immédiatement, je suis cette image de moi que m’offre le miroir. Il se produit, pour employer les termes du docteur Lacan, une » captation » de moi par mon image spatiale. Du coup je quitte la réalité de mon moi vécu pour me référer constamment à ce moi idéal, fictif ou imaginaire, dont l’image spéculaire est la première ébauche. En ce sens je suis arraché à moi-même, et l’image du miroir me prépare à une autre aliénation encore plus grave, qui sera l’aliénation par autrui. Car de moi-même justement les autres n’ont que cette image extérieure analogue à celle qu’on voit dans le miroir, et par conséquent autrui m’arrachera à l’intimité immédiate bien plus sûrement que le miroir. L’image spéculaire, c’est » la matrice symbolique, dit Lacan, où le je se précipite en une forme primordiale avant qu’il ne s’objective dans la dialectique de l’identification à l’autre.

    M. Merleau-Ponty, Les relations à autrui chez l’enfant

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  2. En bref, avec mes petits mots à moi, il n'y a PAS D'AUTRE MOYEN de devenir soi qu'à en passer par l'autre... C'est fondamental, et celui qui prétend NE JAMAIS AVOIR BESOIN du regard des autres n'est qu'un ignorant sur lui-même.

    La question est alors de savoir: combien de temps, et surtout DU REGARD DE QUI?
    Ces miroirs qui nous renvoient notre image, en sommes-nous aliénés, ou avons-nous grandi: nous apprenons ce que nécessaire pour évoluer et nous remettre en question encore et toujours?
    Ces miroirs, qui sont-ils? Les stars de la télé-réalité, nos parents encore et toujours? Ou avons-nous grandi et nous enfin (un peu) CHOISI ceux qui vont perpétuer pour nous "Le Stade du miroir" de manière constructive...

    On ne peut pas juste dire "j'em*** le monde!", c'est à nuancer, désormais je sais quels sont les regards qui comptent pour moi et surtout POUR-QUOI, en vue de quoi....

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  3. "Et si finalement elle était là, la quête du bonheur ? Si être heureux, c’était montré (au quotidien) ce que l’on a (vu de l’extérieur). En le montrant, en le partageant... sur twitter, facebook et Instagram quoi !"

    Oui j'ai volontairement plagié une partie de ton texte pour introduire mon petit commentaire. Car au fond, ta question nous amène à réfléchir sur l' "être" et non l'"avoir"... Je sais je sais, ce ne sera pas la première fois, que je ferai un commentaire avec ce dilemme sur l'être et l'avoir :)) Pourtant, je t'assure qu'il existe bel et bien de nombreuses personnes qui ne sont heureuses que par l'avoir... Hmm, je vais nuancer... beaucoup de personnes sont persuadées qu'on peut être heureux parce qu'on "a" une belle maison, on "a" une belle femme, on a de "beaux" enfants, on "a" un super travail et on "a" de jolis chiens et poissons rouges.... Mais là, on se retrouve au coeur de ton article car ce n'est pas parce que l'on possède sa belle maison, sa famille, ses beaux copains et son super travail qu'on ne peut être ravagé de l'intérieur, qu'on ne peut être triste, fracassé, incompris et totalement en déphasage avec ce que l'on souhaite "être" !! On peut être terriblement malheureux parce qu'on n'a jamais réussi à devenir ce que l'on a toujours voulu être malgré tout ce que l'on possède... et puis, au fond, sait-on réellement ce que l'on veut devenir... n'y a-t-il pas une remise en question perpétuelle de ce que l'on aimerait être... Une course infinie vers ce que l'on ne sera jamais et que l'on appellerait tout simplement la vie ?

    Être en accord avec soi-même me semble une belle idée mais deux mots plus loin, tu m'as convaincu que c'est intenable tant on aime naturellement remettre tout ceci en question par souci de s'auto générer des objectifs personnels sur ce que l'on veut être pour soi et pour les autres.

    Pour ma part, je dirai, que l'on a un peu réussi à ÊTRE ce que l'on est dès lors qu'on a réussi le cap de s'accepter comme on est. Ahhhh s'accepter... voilà une suggestion de thème que j'aimerais lire dans ton blog... toi qui as un rapport intime avec l'âge (trentenaire, cap des âge avec un 0, etc...) et avec le temps qui passe, il y a un temps où l'on finit par s'accepter avec ses frustrations, ses failles, ses travers, ses petites qualités... bref, un temps où on finit par s'aimer... n'est-ce pas ça le bonheur ? J'ai vraiment adoré ton article :*

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