jeudi 15 novembre 2012

Sarah pelle des souvenirs familiaux !




Hier je suis allée voir, avec mes parents, l’exposition sur les Juifs D’Algérie au musée du Judaïsme. Mes deux parents sont nés en Algérie, et j’ai à cœur, personnellement, de m’instruire sur leur histoire. Après tout, on ne peut pas se contenter de ce que dit Enrico Macias dans ces chansons.


Tout d’abord, si vous comptiez y aller, sachez que l’exposition est très instructive. Mes parents eux même en ont appris beaucoup sur l’histoire de la communauté juive dans ce pays et dans les villes où ils sont nés.

Pour ma part, il y a tellement de choses que j’ignorais que je ne pourrais pas les lister ici. Et puis je ne voudrais pas spoiler mes lecteurs, futurs visiteurs potentiels.

Je vous parlerai donc plutôt des sensations que cela à susciter en moi. A mesure que je marchais dans les couloirs de cette exposition, je me souvenais précisément de toutes les histoires racontées par mes grands-parents, mes oncles et mes tantes. Je m’imaginais quelle avait pu être leur vie là-bas. Je pensais à eux, à ceux que j’ai connus comme aux autres. Je pensais à la force qu’il avait dû leur falloir pour surmonter tout ça, mais pas seulement.

Je pensais aussi aux bons moments qu’ils avaient dû vivre sur les airs de Blond-Blond ou de Lili Boniche, à ce que devait être leur quotidien. Comment était un premier jour d’école pour mon père à Sidi Bel Abbés ou pour ma mère à Oran ? Différent de mes premiers jours d’école à Bordeaux ? Comme était un premier rendez-vous galant pour ma tante ou pour mon oncle ? Différents de ceux que je peux avoir à Paris ? Un peu, beaucoup… pas du tout ….

Tout ceci a participé de l’urgence que je ressens souvent à m’assoir à coté de mes grands-parents et à écouter leurs histoires. Certaines que je connais presque par cœur, tellement je les ai entendues maintes et maintes fois. Et d’autres que je redécouvre plus précisément, avec chaque fois un détail supplémentaire, précieux et instructif. Le frère de ma grand-mère qui était dans l’OAS, les appartements plastiqués ici et là par le FLN ou l’OAS, le départ précipité, en bateau pour certains, en avion pour d’autres…. Tout ceci et bien plus encore. Tout ce que les films d’Arcady, les débats de Mots Croisés, les airs d’Enrico ne nous ont pas appris. Tout ce qu’on ne lit pas dans les livres d’histoire. Tout ce qu’on n’a pas dit dans les émissions consacrées, en ce cinquantenaire des accords d’Évian, à ce pays de leur enfance.

On ne dit pas assez aussi les années amputées à ceux qui n’étaient déjà plus tout jeunes. Les moqueries des camarades de classes pour ces enfants venus d’ailleurs. C’est aussi tout ça que m’a appris mon histoire familiale.

Comment on dit déjà ? « Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens ». Je crois, au contraire, qu’il ne faut pas attendre de ne pas savoir où on va, pour garder un œil dans le rétroviseur. Ce chemin parcouru par eux participe de notre construction et de notre conscience d’adulte. J’aime à penser aussi que la force de ceux qui ne sont plus là m’accompagne et que ce déracinement à participer à leur détermination et à leur envie de transmettre cet héritage culturel et religieux. Il est bon, parfois, de se faire bercer par les souvenirs de nos ainés. Ils sont, après tout, un peu de nos souvenirs d’enfance à nous aussi.

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