lundi 19 novembre 2012

Sarah conte des histoires de cinéma (Acte 2)

Ca y’est, c’est bientôt !
Enfin . Le film Comme des frères sort mercredi. Lors de la première partie de l’interview de son réalisateur Hugo Gélin j’ai oublié de vous parler des acteurs du film. Je ne sais pas comment c’est possible tellement ils sont justes, poignants et inspirants.
Avant de vous précipiter dans les salles mercredi, chose que vous ne regretterez pas, voici la suite de l’interview d’Hugo !

Comment est née l’idée d’être réalisateur ?
Je ne sais pas comment elle est née.
J’ai très tôt eu envie de raconter des histoires, dans la cour de l’école, je prenais des bancs et on faisait des sketchs avec mes potes. On était en primaire. Apres je suis issue d’une famille de gens qui ont fait du cinéma toute leur vie, donc sans doute en voyant ça j’ai eu envie de refaire la même chose. Mais en même temps je les ai vus galérer, avoir du mal, en chier. Et en même temps j’ai vu des gens passionnés par leur métier toute leur vie donc forcément je me suis dit, c’est fout d’être passionné autant par quelque chose. Réalisateur c’est venu quand je me suis dit que c’était sûr et certain que je ne voulais pas être acteur, j’avais envie de tout créer, de tout contrôler, d’écrire l’histoire, de la produire, de la mettre en scène, de choisir les acteurs, choisir la musique, choisir les robes. De tout contrôler, de tout raconter de A à Z.

Quelle est la première fois où tu t’es imaginé dans le rôle de réalisateur ?
J’ai fait des courts métrages avec ma caméra 8mm quand j’avais 12 piges. Je faisais ça pour rigoler mais c’était des films d’une heure et demie que j’avais écrit, que je montais. On était que 2 à jouer mais on jouait les 25 personnages. C’était complètement ouf donc j’imagine qu’à ce moment-là, j’étais déjà réalisateur. Quand on fait un premier court métrage, c’est déjà du taff, on est déjà réalisateur. Apres j’ai l’impression qu’on l’est ou qu’on l’est pas, c’est assez instinctif.

Quand as-tu réalisé que tu étais vraiment légitime dans ce rôle ?
C’est pas en faisant mes courts métrages que je m’en suis rendu compte mais plutôt après les avoir montrés. Je me suis dit, « ah merde, en fait les gens ils voient mon film et eux me disent que je suis réalisateur ». C’est plus venu de ça.

Est-ce que le métier de réalisateur au quotidien c’est ce que tu imaginais ?
Oui et Non. Oui parce que c’est magique de travailler avec des acteurs, de travailler avec des musiciens, des scénaristes, des artistes de tout genre, des monteurs, des mecs des effets spéciaux… On rencontre que des artistes toute la journée. Des chefs costumières, une chef déco…. Donc à ce niveau-là oui. Et puis non parce qu’être réal d’un film c’est quand même beaucoup beaucoup d’emmerdes, du matin au soir. C’est que des problèmes toute la journée. Et y’a 40 personnes qui te regardent et qui te disent « alors on fait comment pour le problème ? ». Ils le font gentillement mais c’est toute la journée. A partir du moment où tu as capté le truc, tu gères. Mais y’a 40 personnes qui sont là que pour toi et en même temps c’est hyper solitaire comme métier. Tout le monde est là pour toi c’est une vraie équipe et en même temps ils sont tous là pour ne jamais te faire oublier qu’il y a que toi qui décide. Donc en fait c’est contradictoire quelque part. Moi je sais ce que je veux et pourtant j’écoute énormément les autres. J’écoute les acteurs, j’écoute mon premier assistant, j’écoute ma scripte, j’écoute mon monteur, j’écoute mon chef op, parce que je suis très demandeur et très à l'écoute d’idées et d’envies.

Il t’arrive donc de modifier des choses par rapport à l'idée initiale ?
Bien sur tout le temps. En fait on fait rien de ce qui était prévu. De temps en temps il y a un miracle et on fait exactement ce qui était prévu. Pour un premier film, après quand ton film coute 10 millions de dollars tu fais ce que tu veux et ce qui était prévu. Pour un premier film qui coute pas beaucoup d’argent et sur lequel tout le monde se défonce et se bat pour le faire, c’est un miracle quand ce qu’on avait en tête se réalise.

C’est donc modifié en mieux ou en moins bien ?
Dans les deux sens. On s’idéalise quelque chose en permanence parce que c’est le premier film. Je vais beaucoup moins idéaliser maintenant pour le prochain. Je saurais qu’il y a une grosse part d’imprévu dans tout. Y’a une part d’imprévu dans l’acteur, dans son humeur ce jour-là, dans le temps qu’il fait et qu’on a pour tourner une scène. Il faut toujours se dire « c’était quoi ma scène ? Pourquoi je l’ai écrite ? qu’est-ce que je voulais raconter ? Comment je fais ? « . On est tout le temps en train de s'adapter, s’adapter à tout et à tout le monde. Y’a tout le temps des problèmes qui t’obligent à te dire que ce que tu voulais faire c’est pas possible donc tu ne fais que te battre pour garder ton idée première. Mais ce qui compte c’est le travail avec les acteurs et ça c'est immédiat.

Est-ce que tu es le genre de réalisateur que tu pensais que tu allais être ?
Oui parce que j’ai été très naturel avec les acteurs, j’ai été doux, à leur écoute, d’après ce qu’ils disent. Je crois que j’ai su m’adapter à chacun d’entre eux. Y’a pas une méthode de direction d’acteurs, moi ça j’y crois pas. Par contre y’a une méthode par acteur. Donc il faut s'adapter, c’est que de la psychologie. Y’a des acteurs qui ont besoin qu’on leur parle beaucoup d’autres qui ont besoin qu’on leur dise un mot. Faut le comprendre très vite et s’adapter sur la même scène à des acteurs différents.
Apres je voulais être très à l’écoute de mon équipe, que ce soit un super tournage, une super ambiance… sauf qu’il y a des moments où c’est tellement compliqué, y’a tellement de problèmes qui s’accumulent, on est tous dans un tel rythme, qu’on est hyper speed. Y’a des moments où je me suis un peu énervé parce que je me rendais compte que c’était le seul moyen pour obtenir ce que j'espérais.

Est-ce que le film correspond à l’idée que tu te faisais de ton premier film ?
Ouais carrément. J’en suis hyper fier. Si je devais le refaire maintenant je changerais tout. Je ne peux pas le regarder mais j’en suis très fier car si y’a un truc qui est réussi c’est pas de l’ordre de la réalisation, c’est de l’ordre de la sincérité. Et ça je sais qu'on a tous été extrêmement sincères sur ce film. Moi avec les acteurs, eux avec moi, avec les techniciens, tout le monde était là pour faire le meilleur film qui soit. Et je crois que ça se ressent et que c’est pas fabriqué. Je suis assez fier de ça. Apres je changerais tout, quand je le regarde je vois tous les défauts. Y’a des trucs que je trouve réussis, pour lesquels je suis content. C’est comme je le voyait voire mieux, parce que les acteurs m’ont amenés un truc en plus que j’avais pas prévu. Ce jour-là, mon chef op a filmé d’une certaine marnière…. C’est encore mieux. Ou alors au montage on a réussi à rajouter un truc qui n’était même pas prévu au tournage. Ça c’est super ! et y’a des scènes que je peux pas voir parce que je les trouve ratées. Il y a des erreurs de premier film, des trucs naïfs. J’ai un peu coécrit le film avec Hervé Mimran et lui il m’a dit « si mon producteur m’avait pas dit que c’était fini le montage, je serais encore en train de monter Tout ce qui Brille, 3 ans après ». Parce que c’est jamais parfait et on peut toujours améliorer des trucs. Surtout quand comme moi on est un éternel insatisfait et qu'on veut toujours le meilleur. C’est un travail sur soi, mais je suis très fier du film, je suis même fier des trucs ratés.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire