lundi 26 janvier 2015

Sarah mène un grand MERCI à un grand Héros !



Cher Lassana,

Voilà plus de 15 jours que  tu as eu ce geste de bravoure, celui là même qui te vaut d’être connu de nous tous et de te balader avec humilité, sur les chaines de notre Télévision Numérique Terrestre. Voilà plus de 15 jours donc, que j’ai envie de te dire MERCI. Merci d’avoir été là pour arrêter l’hémorragie, merci d’avoir été assez bon et bienveillant pour que le courage l’emporte sur la peur.

Je me permets de te tutoyer puisque tu as l’âge de mon petit frère et que tu es maintenant celui de tous les enfants de la République. Un petit frère dont nous pouvons être fier, qui nous touche par son regard enfantin, qui nous épate par son comportement héroïque mais pour lequel on s’inquiète aussi.
Je me demande, Lassana, si tu arrives à bien dormir la nuit, si ces scènes surréalistes de haine et de terreur ne te hantent pas. Je me demande ce que tu as vu et ce que tu gardes en mémoire de cet atroce vendredi. Je pense également à toutes ces personnes que tu as sauvé, et je me demande ce qu’ils vont devenir. Vont-ils faire partis de tous ces français de confession juive qui veulent quitter le pays? Toi qui a tant voulu cette nationalité et qui a rêvé d’être français, as-tu sauvé des gens qui préféreraient aujourd’hui en épouser une autre, pour qui être français ne suffit plus ?

En même temps, qui pourrait le leur reprocher? Qui pourrait ne pas les comprendre? Pas moi en tout cas. Pas moi qui sais parfois la difficulté d’être ce que nous sommes en France. Pas moi dont le cœur bat pour Israël et qui l’aime du plus profond de mon être. Et pourtant ce n’est pas ce dont j’ai envie, je ne veux pas partir. Si mon cœur bat pour Israël, ça ne l’empêche pas de battre aussi pour mon pays, celui qui m’a vu grandir. Si j’osais, je dirais que la République coule dans mes veines, moi qui suis un pur produit de son école et de ses valeurs. 

Et pourtant, si je sais que je veux rester en France, à tes cotés Lassana, je sais aussi que les questions sont là et que la vie ne sera plus jamais pareille après cette semaine sanglante du début de l’année. Il a fallu encaisser le choc, se mobiliser, marcher et puis reprendre le cours de sa vie. Il a fallu se relever de ce KO. Pendant plusieurs jours j’ai été comme sonnée, et j’ose à peine te demander ce qu’il en a été pour toi. 

Puis, en tant qu’éternelle optimiste, j’ai voulu chercher les points positifs, dans cet amas de peur et d’interrogations, et m’y attarder. Et toi Lassana, tu es l’un d’eux. Tu es même le plus marquant, le plus flagrant. Tu es à toi seul, tous les symboles qui font que j’aime la France et qui font que la Liberté, l’Égalité et la Fraternité peuvent renaître de leurs cendres. Tu es l’espoir quand il semble ne plus y en avoir, l’humilité mais surtout le courage. Hier étranger, aujourd’hui frère.

Si je sais que nous partageons des valeurs humanistes et simples, je sais aussi que nous avons tous les deux une grande foi. En tant que croyante, je sais que D.ieu t’a accompagné, poussé et soutenu. Le mérite est le tien, mais tu as été Ses mains, Il t’a envoyé pour protéger Ses enfants. Car peu importe nos religions, nous sommes tous Ses enfants.  Souhaitons que nous arriverons, à l’avenir, à vivre ensemble, et que ces fous qui se réclament de Lui, et qui ne peuvent être plus éloignés de Son message, soient toujours arrêtés par des Justes comme toi.

Pour tout cela, je te dis encore Merci et je te souhaite une belle vie en France, dans le pays des droits de l’Homme, avec un grand H, et sans couleur, sans religion, sans sexe particulier. Juste des Hommes, ensemble.

Affectueusement,
Sarah

1 commentaire:

  1. Je ne ferai pas de commentaires supplémentaires parce que ton article a le ton juste pour dire merci à un héros. Un vrai. Pas celui qui fait gagner des coupes du monde ou des championnats. Pas celui ou celle qui a le bon mot ou le dernier mot lors des débats télévisés. Le vrai, l'unique : celui qui sauve des vies réelles.
    J'aimerai juste faire un clin d'oeil sur ton avant dernier paragraphe que j'aime vraiment beaucoup. A chaque fois que tu fends un peu l'armure pour nous partager avec beaucoup de pudeur ta foi, c'est toujours un moment riche et important. Merci.

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